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Un combat acharné : une octogénaire face à l’expropriation pour un projet portuaire controversé

Entre justice et développement : le calvaire d’une retraitée face à un géant portuaire

Une histoire qui interroge les limites de l’intérêt général et les droits des citoyens face aux grands projets d’aménagement.

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Une vie entière dans une maison menacée

Imaginez : après des années de labeur, vous achetez enfin une modeste demeure, un havre de paix où couler des jours paisibles. C’est le cas de Jeanne D., 81 ans, dont la petite maison de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) est aujourd’hui au cœur d’un conflit opposant droit à la propriété et impératifs économiques. Depuis 2018, cette retraitée se bat contre une procédure d’expropriation lancée par le Grand Port Maritime de Nantes-Saint-Nazaire, qui prévoit d’étendre ses infrastructures sur son terrain.

> « On m’a volé ma tranquillité. Cette maison, c’est toute ma vie. Où irai-je ? » > — Jeanne D., propriétaire depuis 1989

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Un projet portuaire aux enjeux colossaux

Le port de Saint-Nazaire, 3ᵉ port français pour le trafic de marchandises, justifie cette expropriation par la nécessité de :

- Moderniser ses installations pour accueillir des navires toujours plus grands. - Renforcer sa compétitivité face aux ports européens concurrents. - Créer des emplois dans une région où l’industrie maritime est un pilier économique.

Pour les autorités portuaires, l’extension est « indispensable à la survie économique de la région ». Pourtant, ce projet soulève des questions éthiques et juridiques : jusqu’où peut-on sacrifier des vies individuelles au nom du progrès collectif ?

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Une bataille juridique aux rebondissements

Jeanne D. n’a pas baissé les bras. Soutenue par des associations de défense des droits des propriétaires, elle a engagé plusieurs recours :

  1. Un premier refus d’expropriation en 2020, le tribunal administratif estimant que « l’utilité publique n’était pas suffisamment démontrée ».
  1. Un appel du port en 2022, relançant la procédure.
  1. Une nouvelle audience prévue en 2024, où la Cour administrative d’appel de Nantes devra trancher définitivement.

« Ce n’est pas seulement une maison, c’est un symbole. Si on laisse faire ça, demain, qui sera protégé ? », s’indigne Me Laurent P., son avocat.

!Une vue aérienne du port de Saint-Nazaire, illustrant l'ampleur des travaux prévus L’extension du port pourrait engloutir plusieurs habitations, dont celle de Jeanne D.

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Un cas emblématique des tensions foncières

Ce dossier n’est pas isolé. En France, les expropriations pour cause d’utilité publique ont augmenté de 15 % en 5 ans, selon le ministère de la Transition écologique. Des projets comme :

- Les lignes à grande vitesse (LGV) - Les parcs éoliens - Les zones commerciales

… ont souvent conduit à des dramas humains, avec des propriétaires contrainte·e·s de quitter leur logement contre une indemnisation jugée insuffisante.

« Les compensations financières ne remplacent pas une vie, des souvenirs, une histoire », souligne Sophie M., porte-parole de l’association Droit au Logement.

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Que dit la loi ? Entre équité et arbitraire

En théorie, la loi encadre strictement les expropriations :

L’utilité publique doit être prouvée (art. L1 du Code de l’expropriation). ✅ Une indemnisation « juste et préalable » doit être versée. ✅ Un recours est possible devant les tribunaux administratifs.

Dans les faits, les critères restent subjectifs, et les propriétaires se heurtent souvent à des décisions politiques difficilement contestables.

« Le problème, c’est que l’‘utilité publique’ est une notion floue. Qui décide ce qui est utile ? Les élus ? Les lobbies économiques ? », interroge Julien L., juriste spécialisé en droit de l’urbanisme.

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Et demain ? Des alternatives existent-elles ?

Face à ces conflits, certaines voix plaident pour :

🔹 Des concertations renforcées avec les riverain·e·s avant tout projet. 🔹 Des solutions de relogement prioritaires pour les personnes âgées ou précaires. 🔹 Un moratoire sur les expropriations dans les zones à forte tension immobilière.

« On ne peut plus accepter que des vies soient brisées au nom du développement. Il faut trouver un équilibre », insiste Élodie R., urbaniste engagée dans la médiation foncière.

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Conclusion : un combat qui nous concerne tous

L’histoire de Jeanne D. dépasse le simple cadre d’un litige immobilier. Elle pose une question fondamentale : dans quelle société voulons-nous vivre ? Une société où les plus fragiles sont sacrifiés sur l’autel de la croissance, ou une société qui sait concilier progrès et humanité ?

Alors que le tribunal doit rendre sa décision dans les prochains mois, une chose est sûre : ce dossier fera jurisprudence et pourrait influencer les futures politiques d’aménagement en France.

« Je ne lâcherai rien. Cette maison, c’est mon combat. Et si je perds, j’espère au moins que mon histoire servira à protéger d’autres personnes. »Jeanne D.

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Pour aller plus loin

- Comprendre les recours contre une expropriation - Le rôle des ports maritimes dans l’économie française - Témoignages : autres cas d’expropriations contestées

Crédit photo : Port de Saint-Nazaire (© CartoImmo / DR)